Une fois mon arbre généalogique constitué, j’ai eu deux déceptions face à lui : tout le monde y est mort, et c’est très désordonné. Écrire sur mes ancêtres me permet de résoudre ces deux problèmes : reconvoquer les morts, leur offrir des vies hypothétiques, et ce faisant m’approcher de leur passé et de leurs identités, disparues, inconnues.
Hypothèses est un texte de poésie à l’écriture au long cours.
J’ai défini comme cadre d’exploration une zone de ma généalogie qui compte un millier d’individus (il s’agit des ancêtres de l’un des grands-pères de l’un de mes grands-pères). Le projet d’écriture consiste maintenant à octroyer à chaque individu dans mon arbre une hypothèse. Chaque hypothèse est un poème en prose qui se formule le temps d’une unique phrase à la forme interrogative, de quelques mots ou plusieurs pages. Elles peuvent naître des individus (choses notables, décès précoces ou extraordinaires, guerres, mentions dans la presse…) ou relever de l’ethnographie ou de l’histoire ou d’un rapport à la matérialité du monde, aux lumières, aux saisons… La quasi-totalité des individus que je convoque sont des paysans et des paysannes de Basse-Bretagne, vivant dans des villages pauvres entre le XVIe et le début du XXe siècle.
L’écriture du texte m’occupe depuis 2021 et un séjour à la Chartreuse-CNES, quand il s’agissait encore d’une saga théâtrale.
Pour tenir ce marathon d’écriture, je fais des lectures publiques à chaque intersaison.